La Cour de cassation a tranché. Après des mois de rebondissements, de tensions populaires et de débats judiciaires, l’ancien ministre de la Justice Constant Mutamba a été condamné à trois ans de travaux forcés et cinq ans d’inéligibilité. Ce verdict marque l’épilogue d’un procès emblématique, devenu symbole de la lutte contre la corruption en RDC.
Mutamba était poursuivi pour le détournement présumé de 19 millions de dollars, initialement destinés à la construction d’une prison moderne à Kisangani. Le ministère public avait requis dix ans de travaux forcés, l’exclusion définitive de la fonction publique et la privation du droit à la libération conditionnelle. La défense, elle, a toujours plaidé l’innocence, dénonçant un procès politique et un sabotage de ses réformes.
À Kinshasa, le verdict a été précédé d’un climat électrique. Des partisans de Mutamba ont veillé plusieurs nuits devant sa résidence à Gramalic, scandant des slogans en faveur de son acquittement. La police est intervenue à plusieurs reprises pour disperser les rassemblements, parfois avec violence. Dans les quartiers populaires, l’attente était lourde, notamment chez les femmes, qui ont exprimé leur ras-le-bol face à l’impunité et à la mauvaise gestion des fonds publics.
« Ce procès, c’est un peu notre vie qui est jugée », confie Madeleine Kibadi, mère de famille à Bandalungwa.
Ce verdict est perçu comme un test de crédibilité pour l’appareil judiciaire congolais. Pour certains, il incarne une avancée vers une justice plus indépendante. Pour d’autres, il reste entaché de soupçons de règlement de comptes politiques.
« Si la justice dit le droit sans céder aux pressions, alors nous pourrons croire à un avenir meilleur », estime Nathalie Mwimba, étudiante en droit.
Mutamba passera sa première nuit en prison dès ce soir. Son parti, le Nogec, déjà fragilisé, devra se réorganiser sans son leader. Sur le plan institutionnel, ce procès pourrait ouvrir la voie à d’autres poursuites contre des figures politiques impliquées dans des affaires similaires.