
Depuis plusieurs années, l’Université de Kinshasa (UNIKIN), jadis fleuron de l’enseignement supérieur en République démocratique du Congo, fait l’objet de critiques virulentes. Accusée de laxisme académique, de favoritisme politique et de compromission intellectuelle, l’institution est aujourd’hui au cœur d’un débat houleux : assiste-t-on à un véritable déclin ou à une campagne de dénigrement orchestrée ?
La polémique a récemment été ravivée par un incident survenu le 2 octobre 2025 : la suspension immédiate de la défense d’un mémoire de DEA a provoqué une avalanche de réactions. Certains y voient la preuve d’un dysfonctionnement profond, d’autres dénoncent une chasse aux sorcières contre le comité de gestion.
Les accusations pleuvent : distribution « à la chaîne » de diplômes, blanchiment académique de figures politiques en quête de légitimité, banalisation des mentions honorifiques… autant de reproches qui ternissent l’image de la « Colline inspirée ».
Mais que disent les faits ? L’UNIKIN continue de diplômer chaque année des milliers d’étudiants, dont plusieurs centaines au niveau doctoral. Elle reste un centre de production scientifique reconnu, malgré des moyens limités et un environnement institutionnel souvent instable.
Il est donc légitime de s’interroger : les critiques sont-elles fondées sur des faits avérés ou alimentées par des frustrations, des règlements de comptes ou une méconnaissance du fonctionnement universitaire ?
La vérité se situe peut-être entre les deux. Oui, l’UNIKIN fait face à des défis structurels : surcharge des effectifs, infrastructures vieillissantes, encadrement parfois insuffisant. Mais non, elle n’est pas devenue une « blanchisserie académique » comme certains le prétendent sans preuves.
Ce qui est certain, c’est que l’Université de Kinshasa mérite mieux qu’un procès médiatique. Elle mérite un débat rigoureux, des réformes courageuses, et surtout, un soutien institutionnel à la hauteur de son rôle dans la formation de l’élite congolaise.
Clouer l’UNIKIN au pilori ne résoudra rien. Il est temps de dépasser les slogans et de poser les vraies questions : comment restaurer l’excellence académique ? Comment garantir l’intégrité des diplômes ? Et surtout, comment redonner à cette institution le respect qu’elle mérite — sans complaisance, mais sans caricature non plus.
Descartes NSUMBU